Je n'ai pu retenir mes larmes en arrivant à Béfey… Ce fut un moment bouleversant, d’une intense émotion, presque sacrée, tout comme la première fois que j'ai posé les pieds à Portieux, notre chère Maison-Mère de la Congrégation en France. Un sentiment indescriptible, mais ressenti avec toutes les vibrations de mon cœur. J'avais véritablement touché une terre « sacrée », un lieu qui porte la marque historique glorieuse de la Congrégation à laquelle j'ai été attachée pendant plus des deux tiers de ma vie, par ma vocation religieuse dans la Congrégation des sœurs de la Providence.

C'était la première fois que je me trouvais dans des lieux qui n'apparaissaient qu'à travers les pages des livres d'histoire, ou dans les récits de mes prédécesseurs – celles qui m'ont précédée et qui ont marqué l'histoire par leur vie dévouée. Chaque pas que je faisais était comme tourner une page de l'histoire vivante de la Congrégation. Je pense à Jean Martin Moyё – notre fondateur, et à Sœur Marguerite Lecomte – notre grande sœur, celle qui a semé dans mon âme la semence de la vocation religieuse de la Providence dès les premiers jours de mon Noviciat. Ils ne sont pas seulement les personnages historiques, mais aussi des sources d'inspiration vivantes profondément présente dans mon cheminement de foi et de vie spirituelle.

Du fond du cœur, j'offre à Dieu ma sincère gratitude pour la grande grâce de ce retour aux sources, d'avoir approfondi et redécouvert mon identité de Sœur de la Providence. Les journées d'apprentissage et de partage avec le Père Jean-Paul Lamy, Sœur Anny Deustch, Supérieure générale de Saint-Jean-de-Bassel, et Sœur Monique Gugenberger, Supérieure générale de  Ribeauvillé, ont été non seulement un temps d'étude, mais aussi un cheminement intérieur par le discernement, un retour à l'esprit originel de la Congrégation.

Nous sommes invitées à revenir sur notre propre cheminement vocationnel, à vivre plus pleinement notre rôle de formatrice, de semeuse, de grande sœur dans la mission de formation et d'accompagnement des jeunes vocations. Grâce à des échanges sincères avec les sœurs de la Congrégation et des communautés internationales, je ressens une atmosphère de profonde communion, où toute différence de langue ou de culture disparaît, laissant place à la fraternité, au soutien mutuel et à l'unité pour la mission commune.

En particulier, les heures d'étude des Psaumes avec Sœur Élisabeth – une sœur aînée de 86 ans de la Providence de Portieux, dotée d'une connaissance approfondie de la Bible et d'un cœur brûlant d'amour pour la Parole de Dieu – m'ont profondément marquée. Ses conférences approfondies m'ont non seulement appris à mieux comprendre les Psaumes, mais ont aussi éveillé en moi le désir de laisser la Parole de Dieu et les Psaumes imprégner chaque rythme de ma vie quotidienne, afin que chaque instant de ma vie devienne une prière vivante, offerte à Dieu avec tout mon être.

Cette précieuse expérience m'a ramenée à mes racines, à l'histoire de la Congrégation, où je suis née par vocation, nourrie par l'amour et la spiritualité de la Providence. J'ai réalisé que je me trouvais non seulement sur un territoire historique, mais aussi invitée à perpétuer cette histoire, par ma vie consacrée, vécue dans la confiance jour après jour.

Je m'incline devant Dieu pour le remercier de m’avoir appelée à le suivre dans la Congrégation des Sœurs  de la Providence. Je veux exprimer toute ma gratitude  à mes Supérieures et à toutes les sœurs pour leur immense amour qui m'a soutenue dans ma vie consacrée. Je m'engage à continuer de vivre et de témoigner des quatre vertus fondamentales, à l'exemple du Père Jean Martin Moye, mon Père bien-aimé, qui a allumé le feu qu'aujourd'hui, mes sœurs et moi continuons à préserver et à répandre en vivant à fond les quatre vertus fondamentales, caractéristiques d’une Sœur de la   Providence : abandon, simplicité, pauvreté et charité.

Portieux, le 9.10.2025

Soeur Maria Huỳnh Thị Thu Sương,SPP

Province de Cù Lao Giêng